Écouter son âme et laisser l’égo de côté seront les derniers mots que m’offrira Fabienne Chevalier, lors d’un passionnant entretien. Ce sont les premiers mots de ce beau voyage que je vous propose de partager auprès de cette professeure émérite de yoga donnant à cette pratique ancestrale, née en Inde, un sens profond, où l’on découvre combien, en renforçant son équilibre physique, on renforce aussi son esprit.  

L’histoire de Fabienne remonte à loin déjà, tandis qu’adolescente elle découvrait le yoga lors d’une séance offerte par sa maman. Bien qu’elle n’en n’eût pas d’abord conscience, une graine était plantée. De celles au cœur de nos vies qui germent longtemps dans le silence, avant d’éclore peu à peu, avec autant de force que de délicatesse. 

« J’ai poursuivi ma vie, mon chemin, tout en gardant quand même dans un coin de ma tête cette expérience qui m’avait marquée. J’ai fait plusieurs activités physiques, et puis j’ai eu envie de revenir au yoga. Et là j’ai erré un petit peu. Je me suis retrouvée dans du yoga très décomplexé, très dénué de ce que j’avais vécu la première fois. Et puis j’ai rencontré une personne qui est devenue ma formatrice, avec qui j’ai pu découvrir ce que j’attendais. Elle s’appelle Marie-Pierre Martin Bayle ».   

Alors, elle fonce Fabienne, avide de comprendre, d’apprendre, d’expérimenter, de comparer… elle s’engage sur une route parsemée de trésors et d’embûches, avec la patience de ceux qui savent la saveur des bons rendez-vous de l’existence, mais aussi leur prix : celui du travail. Avide de cette essentielle nourriture humaine qu’est la connaissance, Fabienne se forme auprès de cette remarquable professeure qu’est Marie Pierre Bayle. Et en parallèle, elle lit, cherche, expérimente… son monde grandit, et le nôtre avec elle. Elle nous découvre les différents type de yoga qu’elle enseigne aujourd’hui, pour lesquels elle a suivi des formations: le Haṭha Yoga , sa formation qui dura quatre années, sa base, celle qui constitue 80% de son ADN dans les séances. Un yoga où l’on reste longtemps dans les postures. Le Vinyasa, un yoga un peu plus fluide, qui s’apparente à de la méditation en mouvement, mais où la personne est toujours dans la conscience de son souffle ; le Nidra, un yoga de relaxation profonde pour lequel elle a appris à poser sa voix, à être monocorde, et puis le yoga restauratif, celui qui soigne, un trésor : « On vient déclencher le système parasympathique nerveux, celui-là qui libère les hormones du bien être. Là on reste relativement longtemps, et on s’accessoirise beaucoup. Le corps se repose dans les accessoires, afin que l’on accepte le soutien qu’ils nous apportent. C’est comme dans la vie. Il faut apprendre à accepter le soutien de quelqu’un ».  

Ce n’est pas si simple en effet d’accepter le soutien de quelqu’un, lorsque l’on songe au sens profond de l’acceptation de nos fragilités. Lors des séances proposées par Fabienne, pendant une heure, une heure et quart on se concentre sur ses consignes afin de s’offrir un moment à soi, rien qu’à soi, et l’honorer ce moment, s’y engager de toutes ses forces, de toute son âme. Les postures, la méditation, le retour au soi ouvrent petit à petit ces indispensables chemins pour apprendre à nous ressembler m’explique Fabienne. Quelle expression magnifique « se ressembler » !  Je l’écoute et résonne en moi quelque chose d’universel, un écho profond, une richesse à laquelle on devrait tous avoir droit : « se laisser être, se ressembler, tel que l’on est, en mettant de côté ce que l’on nous demande d’être, dans la vie, être bien dans nos études, être un bon parent… et moi au Yoga je dis souvent ça à mes élèves : laissez-vous être, tel que vous êtes ».  

Je ne suis pas dans une séance de Yoga avec Fabienne, mais déjà elle m’emporte dans cet univers que je ne comprenais pas toujours avant de la rencontrer. Avec cette professionnelle passionnée, si proche de la nature et pour qui chaque être vivant est essentiel, tout devient plus clair, plus accessible. Je comprends le sens des consignes, le sens des postures pour libérer les tensions physiques, les tensions émotionnelles, pour les « digérer ». Le sens de cet autre mot vient encore me percuter de plein fouet. Mais bien sûr ! Avec la respiration abdominale, on parle de la digestion au premier degré, physique, mais aussi de manière plus intrinsèque, on apprend à digérer les soucis, les inquiétudes, les questions demeurées en suspens… un peu comme si, dans ce temps suspendu d’une séance de yoga, on avait accès à des possibilités de force en soi que l’on ne soupçonnait pas forcément avant. Dans notre société occidentale, on a tellement tendance à séparer le mental du physique, alors que l’être humain ne fait qu’un. « Souvent je leur dis que renforcer son équilibre c’est renforcer son esprit… et je leur dis que le tapis de yoga c’est le tapis de la vie aussi ».   

Lors d’une séance de Yoga, on s’engage. Bien plus qu’un simple moment distrayant, le corps et l’âme cheminent ensemble dans un engagement commun, complice. On retrouve en soi cet être originel auquel on aspire depuis toujours, sans avoir besoin de poser des mots. Mais cela tombe bien, car le yoga n’a pas besoin de poser des mots, juste aller rechercher des énergies sincères émanant de soi. Lorsque Fabienne me parle de son enseignement, sa passion, j’ai le sentiment d’embarquer sur un beau navire qui m’emportera sur une  traversée nourrie d’embruns, où l’inconnu et le connu se rejoindront avec douceur, où je n’aurai d’autre travail que de me rappeler que j’existe, que mon corps, mon âme et mon cœur existent, avec panache, et que plus je les nourrirai de cette vérité trop souvent oubliée dans le tourbillon de la vie, du travail, des inquiétudes, des moment d’euphories comme des moments d’abattements - enfin tout ce qui fait notre quotidien d’hommes et de femmes des villes - et plus, ressourcée, je pourrai donner de la solidité et de l’amour autour de moi.   

En réalité, plus je comprends l’enthousiasmant univers du yoga avec cette grande professionnelle – j’ai presque envie d’écrire son don de yoga - plus je comprends que ce n’est pas un acte personnel mais au contraire généreux pour nous aider ensuite à grandir en humanité. Penser à soi, prendre du temps pour soi n’est pas égoïste comme je l’ai trop souvent pensé, mais un acte généreux, sincère, et sans doute même, courageux. Il n’est pas si simple en effet « de se laisser être, tel que l’on est » comme le dit si joliment Fabienne.       

C’est pour cela qu’elle s’est aussi formée récemment au Do In « Ce n’est pas vraiment du yoga, mais cela a un rapport avec la médecine chinoise, c’est une pratique japonaise où l’on vient stimuler et réveiller des méridiens. En fait, en se mettant dans des postures on vient ouvrir le bassin, on vient irriguer les reins… je me nourris de tout ça. Nous ici on est très cartésiens, mais ça bouge. Le qi gong, le tai chi, le yoga arrivent à l’hôpital enfin !! l’hypnose aussi, qui est beaucoup basée sur le Yoga Nidra. Comme le yoga est tellement ancien, il y a pas mal de méthodes qui se sont inspirées de ce yoga qui est ancestral et soigne autant le corps que l’âme ».  Fabienne s’ouvre inlassablement au monde, aux autres, à la connaissance. Elle me parle de B.K.S. Iyengar, né en Inde avec des malformations, et qui malgré sa santé chétive, une éducation sommaire, et un maître méprisant, avait - à force de persévérance et de recherches - développé une méthode appuyée sur l’alignement et la précision des postures, qui lui sauva la vie. Il deviendrait le père du yoga moderne.   Fabienne ne se lasse jamais d’apprendre, d’ajuster, d’avancer. Un navire ne demeure pas immobile sur la mer… il navigue. Dans ce lieu particulièrement accueillant et rassurant qu’elle a aménagé en plein centre de Saint-Étienne, place de l’Hôtel de Ville, un voyage riche d’enseignements, de bienveillance et d’écoute vous attend.  

Caroline Puig Grenetier  

Pour en savoir plus : Fabienne Chevalier Yoga 12 place de l’Hôtel de ville, 42000 Saint-Étienne 

Tél. 06 43 60 54 97 - Mail : fabiennechevalier.yoga@orange.fr - www.fabiennechevalier-yoga.fr qe